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142 HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
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Saumur, dont on trouvera ici une photogravure obtenue par des procédés nouveaux, diffère sensiblement, par la composition, de celle d'Angers.
Dans la même église sont réunis d'autres panneaux à peu près de la même époque : l'un nous montre les Anges chantant le triomphe de Marie; il est malheureusement en assez mauvais état; deux autres, consacrés à VHistoire de la Vierge, avec un arbre de Jessé et la Naissance de Marie, sont datés de 1529. D'autres enfin représentent la Prise de Jérusalem par Titus, et une Nativité de Jésus, en quatre compartiments. Signalons, pour ne pas y revenir, une Vie de Jésus-Christ, en sept pièces, postérieure de près d'un siècle aux tapisseries précédentes, et datée d'Aubusson, 1619.
C'est encore pour une maison religieuse de la même région, l'abbaye du Bonceray, à Angers, que fut commandée la curieuse série conservée aujourd'hui au chàteau du Plessis-Macé. Vingt scènes, tirées tant de l'histoire ancienne que d'épisodes récents, nous exposent les Miracles de l'Eucharistie. Les armes d'Isabelle de la Jaille, abbesse du Bonceray de 1505 à 1518, permettent d'assigner une date approximative à cette œuvre remarquable; on en a fait honneur aux ateliers de Tours. Que cette hypothèse soit fondée ou non, la suite des Miracles de l'Eucharistie est bien française, par le style du dessin comme par les quatrains explicatifs placés au-dessous de chaque scène. On trouvera ces légendes curieuses dans le Uvre de MBr Barbier de Montault, sur Y Epigraphie du Maine-et-Loire.
Est-il encore besoin de preuves pour établir que les provinces centrales de la France ont possédé, pendant la première moitié du xvie siècle, une école de tapisserie très féconde, sur laquelle on manque de renseignements écrits, il est vrai, mais dont l'existence est attestée par les œuvres bien personnelles et bien typiques qu'elle a laissées? En effet, dans toutes les suites énumérées ci-dessus, et où l'emploi de l'or et de la soie est exceptionnel, se reconnaissent, • au premier aspect, les vieilles traditions de l'école française, la clarté de la composition, avec un goût un peu suranné de dessin gardant, en pleine renaissance, quelque chose de la saveur des œuvres du moyen âge.
Nous avons là les plus sûrs témoignages de l'existence d'ateliers français de tapisserie dans la Touraine et dans les provinces limitrophes durant la première moitié du xvi0 siècle.
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